PARIS – La rentrée politique en France se déroule une nouvelle fois sous le signe de l’incertitude. Après une succession de dissolutions et de changements de Premier ministre, l’Exécutif navigue en eaux troubles, confronté à une Assemblée nationale plus divisée que jamais et à une opinion publique exaspérée par la crise du pouvoir d’achat.
Un Exécutif sous pression
Depuis les élections législatives anticipées qui ont mis fin à la majorité relative, la stratégie du gouvernement, désormais dirigé par Sébastien Lecornu après le renversement de l’éphémère gouvernement Bayrou, se résume à une ligne de crête : tenter de faire passer des réformes malgré l’absence de majorité absolue, tout en gérant une dette publique critique.
La côte de popularité d’Emmanuel Macron a atteint ses plus bas niveaux historiques (17% d’opinions favorables selon un sondage de septembre 2025), reflétant l’ampleur du désaveu, y compris au sein de son propre bloc central. Le nouveau Premier ministre, encore peu connu d’une large partie des Français, hérite d’une mission presque impossible : faire voter un budget dans un contexte de forte tension sociale et économique.
Les priorités : pouvoir d’achat et déficits
Au cœur des préoccupations des Français se trouvent, plus que jamais, le pouvoir d’achat (51% des citations) et la gestion des déficits publics. Les réformes promises par le gouvernement sont axées sur la recherche de la croissance, le plein-emploi, la simplification administrative (loi visant à lever les contraintes pour les agriculteurs, par exemple) et un renforcement de l’ordre républicain (loi sur la sécurité et les nouvelles technologies).
Cependant, l’adoption de toute mesure majeure se heurte au spectre de la censure. La tradition des votes de confiance et des motions de censure est redevenue la norme, transformant l’hémicycle en un champ de bataille permanent. L’opposition, même sans s’unir sur le fond, trouve régulièrement un terrain d’entente pour bloquer l’action gouvernementale.
L’émergence d’une alternative radicale
Cette paralysie institutionnelle nourrit le désengagement politique d’une partie des citoyens et surtout le succès du Rassemblement National (RN). Ses leaders, Marine Le Pen et Jordan Bardella, figurent en tête des personnalités politiques qui susciteraient le plus de satisfaction en cas d’accession à la présidence en 2027.
L’aspiration à « un vrai chef en France pour remettre de l’ordre » se fait de plus en plus entendre dans les sondages, traduisant une soif de stabilité et d’autorité. L’absence de consensus autour des figures modérées, y compris parmi les successeurs potentiels (Édouard Philippe, Bruno Retailleau), laisse la porte grande ouverte à une polarisation encore plus marquée lors des prochaines échéances.
En conclusion, la politique française actuelle est celle du gouvernement à l’épreuve des faits. Les promesses de réformes se heurtent à la réalité d’un Parlement fragmenté, tandis que l’Exécutif s’efforce de conserver le cap dans un climat d’impopularité record. L’équation, déjà complexe, est rendue explosive par une société dont la principale angoisse reste la gestion quotidienne des fins de mois.